Au-delà du discours percutant, investi, des avocats, ce qui m’a fait franchir le pas, dépasser ma peur enfouie, ce sont les impressions, les sensations, les petits moments de vie, les silences des grands-parents, la banalité de leur souffrance, les sourires étranges des enfants qu’on devine malgré l’image floutée. Au-delà de l’incompréhension, j’ai ressenti ce désir absurde d’aventure et d’absolu qu’avaient dû éprouver les parents de ces enfants, perdus dans un quotidien morose.
Bien que, si loin de leur histoire, le fait de me sentir si proche de toutes ces personnes de chair m’a fait avancer dans mes questionnements. Viscéralement, et plus seulement intellectuellement.
C’est toute l’ambition que je mets dans la réalisation de ce film.
Si on croit à ces femmes, à leurs névroses, à leurs certitudes bancales, si on croit à leur imperfection, à leur banalité, à leur vulnérabilité enfouie qui se libère peu à peu, si on vit tout cela avec elles et lui, l’enfant, on croira à leur histoire. On ressentira en profondeur des questions d’être humain, de citoyen en pleine conscience, et non prisonnier de ses peurs.
Ce que j’ai apprécié dans le scénario, c’est qu’il laisse le champ à faire exister ces personnages dans leur subtilité et leur complexité. Il y a ce qu’ils disent, il y aura ce que leurs silences raconteront, ce que leurs regards exprimeront.
Comme dans tous mes films et séries, je porterai une attention particulière à la forme, à la direction artistique, afin de nous plonger avec le plus d’évidence possible dans les impressions, les émotions.
Renaud Bertrand